Un début d’année en fanfare … vraiment ?
Depuis le début de l’année, le nombre de consortium qui promettent de faire de la blockchain une technologie opérationnelle ne cesse d’augmenter … mois après mois … inexorablement en raison d’un par mois. Mais cette tendance est-elle le gage que les projets avancent et commencent à répondre aux attentes d’efficacité et de productivité de tous ceux qui espèrent faire de cette technologie – souvent en la tordant – la fondation de lendemains ré-enchantées ?
Sur la 30aine de consortium cartographiés dans le monde en 2016 par le cabinet d’études Gartner, on en dénombre seulement une 10aine réellement actif et parmi ceux-là, 62% sont américains. Il faut donc dire bravo à la Caisse des Dépôts et aux institutions qui l’accompagnent et qui travaillent, en France, à trouver des applications opérationnelles à cette technologie de rupture : son LaBChain fait partie du club de ceux qui font et il faut se féliciter qu’il se soit d’ores et déjà lancé dans 5 expérimentations. La dernière en date qui fait la Une est celle engagée avec l’Association Financement Participatif France.
Buzz entre mythe et réalité
Chaque semaine, la blockchain fait donc son buzz … on pourrait cependant dire qu’il semble apparemment qu’elle fasse le buzz car la tentation est grande de recycler semaine après semaine l’actualité des promesses des jours précédents entre mythe et réalité.
Gartner avance férocement que 80% des POC (Proof Of Concept) basées sur cette technologie des registres distribués et lancées par l’industrie bancaire seront abandonnés d’ici 2018, ce sera 90% pour ceux de l’assurance.
On nous dit que les fonds de capital risque auraient continué à investir la blockchain en servant près de 300M€ depuis le début de l’année mais à y regarder de plus près le montant approcherait plutôt les 120M€ pour une petite 60aine d’opérations (source Pitchbook). Allez on va dire moitié moins !
Le gouffre des désillusions
Alors pour tous ceux qui comme moi s’interrogent sur l’ancrage serein de cette technologie au plus haut de sa courbe de Hype depuis plus d’un an, cette position du Luxembourg Institute for Science and Technology (LIST) prise à l’occasion de la création du Finance Innovation Technology and Systems Centre (FITS) devrait participer à nous convaincre que la blockchain est sur le point de basculer dans le gouffre des désillusions.
Dans un communiqué du 13 juin, le LIST annonce que ce nouveau centre dédié à l’innovation financière concentrera « sa recherche appliquée uniquement sur des sujets qui génèrent une valeur économique tangible pour l’industrie financière locale » et annonce qu’à ce titre il ne fonctionnera pas sur « des sujets de technologie générique tels que la blockchain » mais …
uniquement sur des solutions pratiques créatrices de valeur.
Autrement dit, la question est donc posée aussi en ces termes par le LIST :
À ce jour, l’industrie a démontré que des découvertes purement technologiques n’ont pas suffi à transformer ses services, à réduire les coûts en augmentation constante ou à éviter les effondrements rencontrés dans les crises cycliques de l’industrie. Les possibilités liées à la digitalisation restent encore inexploitées.
Et cette prise de position aussi en faveur de l’intelligence artificielle m’a renvoyé à une étude publiée par Score Advisor en novembre de l’année dernière et qui traitait de la robotisation des métiers bancaires.
Ses auteurs y rappelaient que la technologie RPA pour « Robotic Process Automation »non invasive pour les infrastructures actuelles présente encore un énorme potentiel inexploité pour les banques avec des gains de productivité pouvant aller de 25 à 50%.