Et si vos objets connectés n’étaient pas tout à fait les vôtres ?

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Alors même que les objets connectés fleurissent aujourd’hui sans frontière sur les champs mondiaux de l’innovation, il nous faut s’interroger sur ce que sera notre lien avec tous ces grands ou petits quelques choses qui vont accompagner nos vies du quotidien. Je ne vous parle pas ici de nos quotidiens de demain mais bien ceux d’après-demain, ce qui nous autorise à imaginer ce qu’ils pourraient être dans 30 ou 40 ans !

Pas un jour ne se passe sans se réveiller avec un quelque chose de tech à nous mettre sous la dent, un robot à découvrir ou une intelligence artificielle à saisir. Au point, peut-être, d’en oublier l’essentiel, d’une vie tout court nous voilà embarqué sur le chemin d’une tech-vie dont on a du mal à saisir parfaitement les enjeux, les règles du jeu et ce qu’elle sera vraiment demain.

La révélation du Paris Fintech Forum

En arpentant les travées du Paris Fintech Forum en ce début d’année, je n’étais pas à la recherche de ce qui se dit aujourd’hui sur la finance de demain mais bien de tenter d’extraire de ce bruit les signaux qui préfigurent l’après-demain de notre relation à l’argent, à la finance et peut être à la banque.

J’ai beaucoup cherché en tentant de beaucoup écouté et c’est une table ronde qui m’a mis sur la voie.

Peu après 15h ce 26 janvier, dans une salle bondée sous les lustres du Palais Brongniart, le débat d’experts battait son plein autour de la technologie des réseaux distribués ou blockchain lorsque Radoslav Albrecht partagea l’idée qu’un objet connecté pouvait être lié à un contrat intelligent programmé dans une blockchain.

Cette idée, qu’il associa à une anecdote passée complétement inaperçue dans ces 48h de bourdonnement de « fin » et de « tech », me frappa comme une révélation tant les questions d’anticipation qu’elle soulève sont fortes. La voici … si peu romancée :

Et si votre voiture n’était plus tout à fait la vôtre ?

En apposant votre main sur la vitre avant-gauche de votre dernière voiture connectée, la portière … ne s’ouvre pas. Vous recommencez sans plus de succès. Votre voiture reste là, inaccessible, comme inerte. Vous qui avez connu le bon vieux trousseau de clés, vous vous surprenez à fouiller dans vos poches … un réflexe mécanique qui ne manquerait pas de vous faire sourire si vous n’étiez pas hébété face à cette situation inhabituelle.

Votre voiture connectée refuse définitivement de répondre à vos injonctions.

Vous cherchez les causes de ce que vous anticipez être une panne ou quelque chose de ce genre, mais vous êtes loin du compte. Vous n’avez plus accès à votre voiture parce que vous avez tout simplement oublié de régler la dernière mensualité de votre crédit auto. Et cela, votre contrat intelligent, lui, s’en est bien rendu compte et, instantanément, vous coupe l’accès à l’objet connecté qu’il a servi à financer !

A en croire cet expert des systèmes décentralisés, des startups travailleraient déjà à faire de cette histoire une réalité imminente.

Les garanties de retour au premier plan

Avec le développement des contrats intelligents ou « smart contracts » associés aux objets connectés et à l’identité numérique, on peut donc parier que l’on assistera au retour en force de la bonne veille garantie, une garantie réinventée, intelligente, certes graduée mais bigrement efficace.

On peut imaginer que ces garanties intelligentes bouleverseront notre rapport à la propriété, à son contrôle, à sa transmission, à sa saisie.

Ces nouvelles garanties influenceront certainement la façon dont l’industrie bancaire réalisera ses opérations de crédit de demain. On pourrait même anticiper que ce nouveau paradigme fera pivoter le business model actuel des plateformes de crowdlending qui abandonneront tôt ou tard leur modèle de prêts sans garantie pour réinventer le prêt sur gage. Ce serait alors la fin des acteurs du marketplace lending tels qu’ils émergent aujourd’hui.

Socialement, ce qui parait anodin ou acceptable avec une voiture ne l’est plus dès lors qu’on réfléchit, par exemple, au crédit immobilier.

A bientôt 34 ans, Tracy Shelton vit des fins de mois difficiles et avec cette fichue crise qui n’en finit pas, les quelques centaines de dollars durement gagnés en slashant d’un job à l’autre ne pèsent pas bien lourds face aux dépenses qui s’accumulent. Ce dimanche 28 février 2055, Tracy s’inquiète, à juste titre, ses finances sont une nouvelle fois passées dans le rouge, et elle sait qu’elle est loin d’honorer les mensualités du prêt qui finance son appartement du 576 Woodside Avenue acheté à crédit. 

5 ans plus tôt, Tracy avait littéralement flashé sur ce deux pièces de l’East River et en avait finalisé l’achat en quelques minutes grâce à un prêt hypothécaire souscrit sur FundingSecure, une fintech créée en 2012 en Angleterre, et devenue des années plus tard l’hypermarché des prêts gagés sur actif immobilier la plus renommée outre-Atlantique. 

En quelques minutes à peine, Tracy avait emprunté 475.000 dollars libellés en ColoredCoins, crypto-devise de la plateforme, auprès d’une communauté de plus de 3.000 prêteurs, et signait numériquement les termes d’un contrat intelligent programmés dans l’architecture distribuée propriétaire de FundingSecure.

Les fonds avaient été débloqués automatiquement à l’installation de la serrure connectée exigée par la plateforme.

Arrivée au 28ème étage, Tracy grogne, la journée a été longue et cette fichue porte qui ne s’ouvre pas et reste définitivement fermée comme bloquée … pourtant le système a reconnu Tracy, son identité biométrique est bien confirmée par la caméra qui lui fait face. Fatiguée, Tracy ne remarque pas que son tatouage électronique inscrit sur son avant-bras gauche vient de lui signaler l’arrivée d’un message. 

Madame Shelton, vous êtes en retard de paiement !

Cet article a été pour la première fois publié sur Linkedin où il a fait l’objet de 2300 vues, 92 likes et 12 commentaires. Merci ! 
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