L’actualité de la blockchain a ceci de merveilleux que l’on ne trouve pratiquement plus personne pour mettre en doute le potentiel extraordinaire de cette technologie de rupture.
Un potentiel qui pourrait générer, selon le cabinet d’études américain Gartner, une valeur économique au sens large de 176 milliards de dollars en 2025.
Et pourtant, la blockchain a ceci de déstabilisant que l’extraction et le développement de sa valeur à une échelle industrielle restent insaisissables.
Gartner s’attaque donc au problème
Gartner s’attaque donc au problème dans un papier publié il y a à peine quelques jours par ses analystes Rajesh Kandaswamy et David Furlonger et qui vient au secours des Robinson de la blockchain perdus au beau milieu de l’océan des promesses de cette technologie plurielle.
A la pointe de la Tech et des approches méthodologiques, fort du suivi d’un ensemble de cas d’usage portés par toute sorte d’agents économiques à l’échelle mondiale, ces spécialistes de la blockchain leur proposent d’adopter une classification Maison de leurs projets selon quatre types d’initiatives que l’on peut résumer ainsi.
1 – Les initiatives de rupture (« Blockchain disruptor »)
Elles s’appuient sur l’ensemble des capacités originelles de la blockchain, celles notamment des réseaux distribués, d’immutabilité, de traçabilité souvent complétées par des innovations comme les contrats intelligents ou les monnaies cryptographiques. Vous l’aurez compris, l’objectif de ces initiatives est de désintermédier totalement des modèles économiques existants ou d’en inventer de nouveaux totalement désintermédiés. Les auteurs citent en particulier Synereo (réseau social), OpenBazaar (e-commerce) et Gnosis (marchés prédictifs).
2 – Les initiatives de mise en marché d’actifs numériques (« Digital asset market »)
Elles participent à l’émergence de nouveaux marchés qui facilitent la création ou le trading de nouveaux actifs numériques. Ces initiatives exploitent également tous les concepts clés qui ont fait le succès de la blockchain et à ce titre, elles sont une déclinaison des initiatives de rupture appliquées aux mécanismes de marché sur toute sa chaîne de valeur (exécution, clearing, compensation, gestion …). Sont mis en lumière les projets NYIAX (contrats publicitaires), RMG (or) et Energy Blockchain Labs (actifs carbone).
3 – Les initiatives d’efficacité (« Efficiency Play »)
Elles travaillent à améliorer l’efficacité opérationnelle des entreprises à leur échelle ou à l’échelle de leur environnement sectoriel. Ces initiatives ont tendance à préserver les modèles d’affaires existants ainsi que les acteurs qui les développent. L’objectif ne consiste donc pas à décentraliser les architectures de ces business mais plutôt à tirer des registres distribués le maximum de ses potentialités en capitalisant sur les concepts clés que sont l’immutabilité et la traçabilité. Les auteurs précisent que dans le cas de ces initiatives d’efficacité, les mécanismes de consensus s’adaptent à la carte aux usages étudiés. Ces initiatives sont souvent portées par les acteurs dominants de nos écosystèmes, des multinationales et des consortium d’entreprises (B3i par exemple) ou d’États.
4 – Les initiatives de conservation (« record keeper »)
Il s’agit d’initiatives dont le but est de préserver le caractère incorruptible des informations numériques et de sanctuariser la possibilité de les auditer à la demande. On peut citer les initiatives des États en matière de cadastre, de vote électronique qui s’appuient là aussi sur les critères clés d’immutabilité et de traçabilité. Ces initiatives utilisent la blockchain aussi pour la résilience tirée de l’architecture distribuée de son réseau.
Cette grille de lecture a son charme et peut aider mais ne résoudra pas aussi facilement le challenge le plus difficile pour ces entreprises. Déterminer le ou les types d’initiatives les mieux adaptés aux enjeux de leurs activités restera une problématique épineuse. Il leur faudra aussi bien choisir les potentialités de la blockchain les plus pertinentes à appliquer aux cas d’usage commerciaux et technologiques retenus. Il leur faudra être capable d’en maximiser le potentiel et le jeu des alliances jouera certainement à plein pour transformer des pans entiers d’écosystème. Et dans cette course à la valeur, Gartner a déjà choisi les grands gagnants de demain.
A lire leur projection de 2030, on comprend qu’ils seront plus américains que chinois, plus de l’industrie manufacturière que de la finance ou du retail et que la valeur générée ne sera absolument pas tirée d’une meilleure expérience client.